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Dragon Quest Monsters Le Prince des Ombres

Préambule

Avant de donner mon avis sur Le Prince des Ombres, il serait de bon ton de partager l'expérience singulière que ce titre m’a fait traverser.

Tout d’abord, je tiens à signaler qu’avant de commencer à jouer à ce titre, je n’avais que très peu côtoyé la série de Yuji Horii. En effet, mes seules expériences à ce moment-là étaient Dragon Quest XI, Dai no Daiboken, Dragon Quest Your Story et quelques heures passées sur Dragon Quest Heroes (qui n’avait pas, déjà à l’époque, réussi à garder mon attention). Autant dire que ce Dragon Quest Monsters Le Prince des Ombres est l’un de mes premiers pas dans la saga. Bien entendu, je connaissais le principe initial de la série des Dragon Quest Monsters qui consiste à capturer des monstres pour progresser. Mais rien de plus.

Je pensais m’aventurer vers un jeu semblable à la série Pokémon, à laquelle je joue depuis les premiers opus. Les habitués des Dragon Quest Monsters souffleront sûrement du nez et, avec du recul, c’est mérité. C’est donc dans cet état d’esprit que je débute mon aventure. Et une dizaine d’heures plus tard, je ne suis pas convaincu par ce qui m’est proposé. Pire, je suis profondément déçu et décide carrément d’abandonner le jeu pensant qu’il n’était pas fait pour moi. Je tente malgré tout de récupérer l’avis de joueurs plus aguerris afin de savoir si c’est vraiment moi qui n’aborde pas le jeu par le bon prisme, si le jeu ne me convient vraiment pas ou s’il est simplement mauvais. On me répond que Dragon Quest Monsters n’a pas grand-chose à voir avec la série de GameFreak, si ce n’est la capture de monstres. On m’a même fortement conseillé de persévérer afin que le jeu se révèle vraiment à moi. Chose que je n’ai pas faite immédiatement. Étant toujours mitigé par l’idée de retourner sur ce jeu, et parce qu’en période de Noël j’en avais reçu d’autres qui me faisaient de l'œil, j’ai décidé de le laisser de côté quelque temps.

Malgré tout, ce Prince des Ombres a laissé une trace indélébile dans mon esprit. Car bien que je n'aie eu aucune envie de retourner sur un jeu qui ne m’attirait pas du tout, il m’a tout de même poussé à mieux découvrir la série Dragon Quest. Le problème venait peut-être de là après tout. Étant étranger à cette série, je me suis dit que je ratais sûrement quelque chose en ne la connaissant pas (ou très peu). Je me suis donc procuré le tout premier Dragon Quest, qui m’a complètement absorbé. Sans même m’en rendre compte, j’ai terminé la “Trilogie de Roto” (ndlr: trilogie composée des trois premiers épisodes de Dragon Quest, qui sera plus tard complétée par diverses oeuvres, parmi lesquelles se trouve le manga Emblem of Roto - Les Héritiers de l’Emblème toujours en parution chez Mana Books) en à peine un mois. Autant dire que j’attends le remake annoncé par Square Enix de pied ferme, mais ce n’est pas le sujet. Je sais que jouer à des opus numérotés n’a rien à voir avec la série des Dragon Quest Monsters. Encore plus quand il s’agit des tous premiers jeux. Cela étant, je pense que ce petit détour m’a permis d’avoir un petit déclic, de commencer à mettre le doigt sur ce qui fait l’identité de la série Dragon Quest. De connaître le bestiaire, le vocabulaire, les gimmicks.

Tout frais de cette expérience, et avec les conseils que j’avais reçus, je décide donc de retourner vers ce Dragon Quest Monsters Le Prince des Ombres. Et force est de constater que cette fois cela fonctionne. J’accroche. Je prends du plaisir à progresser. Jusqu’à même terminer le scénario bonus une fois l’histoire principale close. Je tiens donc à remercier toutes les personnes qui m’ont conseillé de persévérer. Si le jeu n’est pas extraordinaire, l’expérience reste mémorable.

Tout cela pour dire que ce test se fera sous le prisme d’un regard totalement vierge, n’ayant que peu connu la saga Dragon Quest et encore moins la série des Monsters. Il me sera donc difficile de le comparer à ses prédécesseurs. Sur ce, commençons !

Ce test a été réalisé à l’aide d’une copie digitalisée du jeu offerte par Square Enix

Dragon Quest Monsters, un Pokémon-like ?

Dans cette aventure, nous incarnons Psaro, fils de Randolpho, roi des monstres, et de Miriam, simple humaine. Ces derniers ont fui Nidaria, royaume des monstres, pendant l’enfance du protagoniste afin d’assurer leur survie. Ils réussirent à se cacher parmi les humains et à vivre paisiblement ainsi pendant un temps. Malheureusement, la véritable nature de Psaro finit par être révélée. Le fils et la mère se retrouvent de nouveau contraints de fuir, ce qui sera fatal à Miriam qui avait contracté une grave maladie. Le cœur empli de rage et de chagrin, Psaro compte donc faire d’une pierre deux coups : s’emparer du trône de son père par la force et se venger des humains à l’aide des monstres sous ses ordres.

Voilà comment le synopsis pourrait se résumer. Et on pourrait facilement imaginer dès lors que l’on fait face à un RPG classique, où au moins dans les pas de ce que nous présentent les Dragon Quest depuis des décennies. C'est-à-dire se promener dans le royaume de Nadiria, découvrir les nouvelles régions qui le composent, faire des haltes dans les villes et villages qui le jonchent ici et là, rencontrer de fiers compagnons et mener une aventure mémorable. Alors certes, tous ces éléments sont plus ou moins présents, mais certainement pas sous la forme à laquelle on peut s’attendre. Car en effet, Nadiria est inspiré des enfers tels qu’ils sont dépeints dans la Divine Comédie de Dante. C'est-à-dire qu’il est séparé en plusieurs Cercles, eux-mêmes découpés en trois niveaux (inférieur, entre-deux et supérieur). Notre aventure en Nadiria consistera donc à traverser les différents niveaux de chaque cercle pour finalement atteindre le niveau supérieur. Malheureusement, le tout se fait sous forme de petites zones ouvertes sans connections réelles les unes avec les autres. Le principe est simple : traverser une zone pour atteindre l’unique donjon présent, vaincre le boss qui s’y terre et ainsi débloquer le prochain niveau. Une structure peu intéressante et répétitive. Ce serait mentir d’affirmer qu’il n’existe aucun village, mais ceux-ci se résument à leur strict minimum : une auberge, un commerce et une banque, ainsi que quelques rares PNJ. Le plus ironique étant que l’on n’a même pas besoin de ces commodités. En effet, pour voyager de niveaux en niveaux, il faut passer par la tour de Rosecolline. Mais cette tour propose déjà toutes ces fonctionnalités. L’auberge y est même gratuite. Et ce n’est même pas comme si ces villages apportaient du repos au cours d’un chemin périlleux puisque le sort Téléportation nous permet de voyager entre les différents points d'intérêt de chaque zone. En quelques pressions de bouton on peut donc revenir à la tour, se soigner et revenir là où on en était.

Ce que l’on peut souligner en revanche, c’est la direction artistique. Chaque Cercle est inspiré d’un des sept péchés capitaux. Ainsi, ils disposent d’une identité visuelle forte. En un simple coup d'œil, on reconnaît aisément le lieu où l’on se trouve. On passe ainsi des plaines verdoyantes du monde des humains aux terres magmatiques du Cercle du Courroux en passant par les confiseries qui constituent le Cercle de la Gourmandise. Mais ce n’est pas tout ! Dans le royaume des humains comme dans celui des monstres, les saisons existent. Et en plus de changer l’apparence de chaque niveau, celles-ci influent grandement sur l’environnement. Car non seulement les monstres présents changent en fonction de la saison, mais il sera aussi possible d’atteindre des zones jusqu’alors inaccessibles. Ainsi, en hiver nous pourrons marcher sur les eaux gelées, là ou au printemps il sera possible de s’envoler sur des pissenlits géants. Et il ne s’agit là que de quelques exemples.

Vient ensuite l’aspect capture et collection de monstres, qui pourrait légitimement faire penser à Pokémon. Déjà, rendons à César ce qui appartient à César. Bien que le premier Dragon Quest Monsters soit sorti en 1998, soit deux ans après Pokémon Bleu et Vert, c’est bel et bien Dragon Quest V La Fiancée Céleste qui a inventé la capture et l'élevage de monstres en 1992 (l’information n’est pas très utile, mais un peu de culture ne fait jamais de mal). Cela dit, à part la thématique commune de capturer, élever et faire combattre des monstres, les deux jeux n’ont rien à voir. Si l’on regarde du côté de la série de GameFreak, les monstres de poches restent à nos côtés tout le long de notre aventure (sauf ceux qui vivent une paisible non-vie dans le PC). De fait, on développe un attachement envers eux. On crée un lien vers ces créatures qui deviennent des amis de confiance, extrêmement proches de nos animaux domestiques dont on ne peut plus se passer. A contrario, dans Le Prince des Ombres, il vaut mieux ne pas faire de sentiment ! En effet, nos monstres ne sont là que pour être sacrifiés. Si dans Pokémon, les monstres peuvent évoluer, dans la série Dragon Quest Monsters, la seule solution pour les rendre plus forts est de les faire fusionner. Ainsi, on ne reste jamais bien longtemps avec les mêmes monstres.

Maintenant que nous avons vu l’exploration et l'élevage des monstres, il ne reste plus que les affrontements comme point de comparaison. Et là encore, Le Prince des Ombres se démarque des monstres de poche. Les monstres se recrutent selon un pourcentage, visible à l’écran, qui dépend de la puissance de notre équipe et de l’état de l’opposant. Ces derniers peuvent même nous faire l'agréable surprise de vouloir gonfler nos rangs même s’ils ont été vaincus. Une fois cela fait, Psaro peut l’intégrer à son équipe, qui est composée de huit emplacements. Un monstre de petite taille occupe une place et un monstre de grande taille en prend deux. Il en résulte une équipe qui oscille entre quatre et huit monstres. Voici ce qui constitue une distinction majeure de la série Dragon Quest Monsters : les combats ne se déroulent pas en un contre un. Il est possible d’envoyer entre un et quatre monstres sur le champ de bataille qui feront face aux ennemis. Les affrontements se déroulent ensuite au tour par tour, comme le font les épisodes classiques de la série Dragon Quest, mais avec cependant deux nuances importantes. Premièrement, il est possible à tout moment de remplacer les monstres présents sur le champ de bataille par ceux qui sont dans notre réserve. Et en second, bien qu’il soit possible de choisir manuellement les actions de nos créatures, le jeu nous pousse avant tout à les laisser agir par eux-même. Car oui, il existe un système d’automatisation où les monstres agiront en fonction des tactiques que vous leur avez assignées. Vous aurez d’ailleurs deux tournois où le mode automatique est obligatoire, ce qui vous obligera à bien réfléchir aux stratégies à mettre au point avant de se lancer à corps perdu dans la compétition.

Si l’on regroupe tous les points abordés ci-dessus, on constate assez rapidement que, non, Dragon Quest Monsters Le Prince des Ombres n’a pas grand-chose à voir avec la série de GameFreak. En forçant le trait, il peut tout au plus se rapprocher brièvement du récent épisode Légende Pokémon Arceusqui différait déjà beaucoup de la recette initiale de Pokémon. Les jeux partagent cependant un gros point commun dont tout joueur se serait bien passé : une technique désastreuse. Car si les “qualités” techniques des épisodes Switch de Pokémon sont déjà connues, il est malheureux de constater que Le Prince des Ombres ne fait guère mieux. Plus on s’éloigne des monstres et plus leurs animations saccadent. Le poping est affreux. Les textures des décors sont baveuses et la végétation peine à voir. Et ce, aussi bien en mode docké qu’en mode portable (où la résolution diminue encore plus). Sans parler de ses temps de chargements assez nombreux et plutôt longs. Dès que l’on a besoin de charger de nouvelles zones ou bien d’aller dans le menu de fusion et de gestion de monstres, on doit patienter de longues secondes. Ce qui arrive plutôt souvent dans un jeu qui repose sur ce système.

Le Prince des Ombres, un héritage de Dragon Quest ?

Comme nous venons de le voir dans la précédente partie, outre l’aspect collection de monstres, la série Dragon Quest Monsters s’éloigne beaucoup de l’image d’ “un jeu Pokémon mais dans l’univers de Dragon Quest”. Et c’est bien normal. Comme son nom l’indique, nous sommes ici purement et simplement face à un jeu Dragon Quest (merci Captain Obvious). Pour être plus précis, et quitte à employer un terme en adéquation, on peut même dire que ce Prince des Ombres est une synthèse entre la série Dragon Quest Monsters et Dragon Quest IV L'Épopée des Élus.

En effet, les plus connaisseurs le savent déjà mais le protagoniste de cette aventure, Psaro, n’est nul autre que le principal antagoniste du quatrième opus de la série phare de Yuji Horii. Pas de quoi s'inquiéter pour autant, la complétion de Dragon Quest IV n’est pas nécessaire à la compréhension des évènements. Pour être tout à fait honnête, Le Prince des Ombres n’est même pas canon avec L'Épopée des Élus. Pendant la campagne promotionnelle, il a été dit qu’il s’agissait d’une relecture des évènements qu’a vécu Psaro durant Dragon Quest IV. Le Prince des Ombres va donc s’y coller au plus près, mais se permet d’apporter quelques changements plus ou moins majeurs. Ce qui mènera d’ailleurs à un étrange mélange où l’histoire peut être comprise seule, mais fera régulièrement des clins d'œil pas si discrets à ceux qui connaissent L'Épopée des Élus. Et malheureusement, ce n’est certainement pas par le scénario que brillera ce Prince des Ombres. Son histoire est bien trop diffuse pour arriver à provoquer le moindre émoi. Elle est noyée à travers les petits scénarii de chaque Cercle, qui ne valent pas plus que de simples quêtes annexes.

De plus, les personnages ne dégagent aucune émotion. Ils se contentent de faire acte de présence. Et le fait d’avoir fait de Psaro un personnage muet n’aide en rien. Il est évident qu’il s’agit là d’un clin d'œil aux héros de la série qui n’ont presque jamais prononcé le moindre mot, mais tout de même. Si Psaro est bel et bien le héros de sa propre histoire, il est avant tout l’antagoniste de Dragon Quest IV. Et dans ce dernier, il est loin d’avoir fait vœu de silence. Les personnages secondaires ne sont guère mieux. Le personnage de Rose n’a aucune synergie avec le personnage principal. Sa présence n’est due qu’à l’histoire de Psaro dans L'Épopée des Élus où l’on raconte que Psaro a perdu une elfe dont il était éperdument amoureux. Mais cela ne se ressent pas le moins du monde ici. Quant à Fulbert, j’ai appris en écrivant ces lignes qu’il s’agit d’une version plus jeune d’un personnage de Dragon Quest V. Quand bien même Dragon Quest IV et V appartiennent à la trilogie Zénithienne, cela n’a aucun sens de le faire apparaître ici. D’autant qu’il est encore moins utile que Rose. En bref, on ne sait rien des personnages qui accompagnent Psaro. Ni d’où ils viennent ni ce que sont leurs objectifs ou pourquoi ils restent à ses côtés. Et bien évidemment, les antagonistes sont quant à eux complètement transparents.

/! DÉBUT ALERTE SPOILER /!

Je me permets cette petite parenthèse sous couvert de spoilers pour appuyer d’autant plus mon propos. Il existe bien quelques moments marquants, mais ils démontrent une fois de plus les occasions manquées de cette histoire. Le premier moment auquel je pense est la conclusion de la première partie. Rose meurt et Psaro utilise le Secret de l'Évolution pour devenir plus puissant et devient un monstre qui est vaincu par les héros. Ceci correspond aux événements de L'Épopée des Élus et aux derniers instants de Psaro. Quitte à avoir une relecture de Dragon Quest IV, il aurait été intéressant de voir évoluer un Psaro en deuil. Malheureusement, ce ne sera pas le cas. Nous verrons la fin de Psaro dans une courte cinématique qui se conclut par un retour dans le passé afin d’éviter la tragédie. Ou de l’art d’effacer toute intention d’implication émotionnelle en un claquement de doigt.

Le second moment qui m’a marqué se déroule juste avant d’entrer dans le donjon final. Toute la troupe des héros de Dragon Quest IV apparaît et nous sauve d’une bien mauvaise posture. Rien dans cette scène n’est impressionnant, ni la chorégraphie, ni la mise en scène ou encore moins la musique. Pourtant, cette scène aura suffi à voler la vedette à Psaro et son groupe en quelques secondes. Le troisième et dernier moment concerne tout l’arc narratif du sixième Cercle, le Berceau de la Corruption. On y rencontre Arago, le demi-frère de Psaro, qui semble nous utiliser pour mener à bien son propre plan. Il souhaite réveiller Estark, une créature qui menace de détruire le monde, au point d'inquiéter directement le dragon zénithien, l’entité suprême de ce monde. La fin de ce scénario atteindra son point culminant après la fin du jeu, mais là n’est pas le point que je souhaite souligner. L’histoire d’Arago est de loin la plus intéressante du lot. Elle nous mène où elle le veut et implique des éléments de lore plus qu’intéressants. Malheureusement, cela n’est pas présent dans l’aventure classique.

Par trois fois, les moments qui m’auront le plus marqué auront volé la vedette au personnage principal. Dans un premier temps, le scénario lui-même empêche Psaro d’avoir un développement des plus intéressants, de le rendre humain. Et ensuite ce sont deux personnages secondaires, voire moins que ça au vu de leur faible présence à l’écran, qui brillent. L’un par son charisme et l’autre par son histoire.

/! FIN ALERTE SPOILER /!

Mais Le Prince des Ombres est bien plus qu’un simple pendant raté de Dragon Quest IV. Il est surtout l’héritier de vingt-cinq ans d’expérimentation, sur plus d’une dizaine de titres, de la série Dragon Quest Monsters. Nous en avons déjà vaguement parlé durant la première partie, mais le cœur de cette série réside dans le système de synthèse des monstres. Et à dire vrai, tout ce que l’on avait vu importe peu tant l’ensemble du jeu repose quasi uniquement sur ce point crucial. Le scénario n’est qu’un prétexte ; le système de saisons ne sert qu’à pousser le joueur à chercher toujours plus de monstres ; et le mode automatique des combats est présent pour nous prouver que nous avons fait les bons choix lors de la synthèse.

Le principe de la synthèse est très simple : fusionner deux monstres entre eux afin d’en obtenir un plus puissant. C’est ainsi que l’on peut passer de monstres de rang G, les plus faibles, à des monstres de rang X, les plus puissants. Autant dire qu'avec un total s’élevant à plus de cinq cents créatures, on passe beaucoup de temps à expérimenter toutes sortes de synthèses. On notera d’ailleurs deux méthodes de fusion : la synthèse classique qui permet de choisir deux monstres manuellement, ou bien la synthèse inversée qui nous propose naturellement tout un tas d'options pour obtenir directement les monstres que l’on souhaite. Cette seconde option est d’ailleurs tellement pratique que je n’ai jamais utilisé la synthèse classique au cours de ma partie. Si l’on souhaite voir uniquement les synthèses de monstres que l’on ne possède pas encore, c’est possible. Si l’on recherche des monstres d’un rang en particulier, c’est également le cas. Idem si l’on souhaite se limiter à une famille en particulier. C’est un véritable plaisir de fusionner à tort et à travers sa petite armée pour en faire émerger une créature surpuissante. Je note quand même deux petits défauts. Premièrement, certains monstres de Rang S et X demandent d’avoir des grands-parents bien spécifiques. Hors, sans guide, il est presque impossible de savoir comment s’y prendre. Heureusement, ils ne sont pas nombreux. Le second petit bémol revient au système pyramidal de synthèse. Pour obtenir un monstre de rang A, il faut deux rangs B. Pour avoir un monstre de rang B, il faut deux rangs C, etc, etc. Ce n’est pas forcément exact, mais vous voyez où je veux en venir. Cela demande de capturer énormément de fois les mêmes monstres de bas étages pour obtenir les monstres de haut rang. Il s’agit de quelque chose d’habituel dans la saga des Dragon Quest Monsters, mais cela peut vite s’avérer rébarbatif. Heureusement, pour nous Square Enix semble en avoir conscience puisqu’ils ont proposé une solution : le Taupiddum. Il s’agit d’un donjon spécial où l’on peut capturer tous les monstres que l’on a déjà recrutés, même ceux ayant un rang élevé. C’est un gain de temps énorme. La mauvaise nouvelle, c’est que le seul moyen d’y avoir accès est via la version deluxe, qui est 25€ plus cher que la version classique, ou via un DLC individuel à 10€.

La seconde grande utilité des synthèses est de créer le “monstre parfait”. Pour la faire courte, Le Prince des Ombres est un petit bijou de personnalisation et d’optimisation. Car la fusion, en plus de créer des créatures plus puissantes, permet le transfert de compétences et de talents. Chaque monstre peut posséder jusqu’à trois arbres de compétences. Lors d’une fusion, un enfant peut soit développer de nouveaux arbres de compétences, soit hériter de ceux de ses parents. Et il existe des dizaines d’arbres différents, qui vont du simple boost de statistique à l’apprentissage de capacités meurtrières en passant par les habituelles altérations d’états bénéfiques ou négatives. Mais ce n’est pas tout ! Car en effet, chaque monstre possède jusqu’à trois talents passifs qui lui sont propres. Ils peuvent lui permettre d’avoir un boost de statistique, de frapper plus fort certaines familles ou encore blesser les adversaires lorsqu’ils nous frappent. Là encore, la liste est longue. Ainsi, les amoureux de l’optimisation en auront pour des heures afin d’obtenir les monstres qu’ils souhaitent, avec les talents et les capacités de leur choix ! Mais on peut pousser encore plus loin car, Dragon Quest oblige, il existe également des objets pour augmenter manuellement les statistiques des monstres. Dans un premier temps, les accessoires qui en plus d’offrir de petits boosts sympathiques, octroient quelques talents passifs. Et ensuite, les habituelles graines qui augmentent de façon permanente les statistiques des monstres. Autant dire qu’il vaut mieux les conserver pour les créatures de haut rang, histoire de ne pas les dépenser pour rien. Obtenir l’équipe parfaite demandera donc beaucoup de temps et de minutie dans l’utilisation de la synthèse.

Conclusion : Dragon Quest Monsters Le Prince des Ombre, un jeu à cheval entre deux mondes

Je pense qu’il est nécessaire de savoir dans quoi on s’embarque pour apprécier cette aventure. Si vous vous attendez à jouer à un semblant de jeu Pokémon, vous allez être déçu. Il n’y a ni grande région à explorer, ni la moindre attache envers nos monstres. De l’autre côté, si vous vous attendiez à avoir un jeu Dragon Quest classique, c’est aussi la douche froide. Il n’y a ni personnage attachant ni intrigue palpitante ni paysages qui nous décrochent la mâchoire. On se contente d’avancer bêtement dans chaque niveau selon le même schéma : arriver dans une zone depuis la tour de Rosecolline, traverser ladite zone jusqu’à un donjon, rencontrer et vaincre le boss dudit donjon pour débloquer une nouvelle zone. Quelques scènes ponctuent bien notre aventure mais elles ne sont qu’un mauvais prétexte pour progresser. J’en viens même à me demander si simplement nous lâcher dans l’aventure avec pour seul objectif de devenir le meilleur dresseur de monstre n’aurait pas été une meilleure option.

Mais ce n’est pas grave. Évidemment, si tous les points cités précédemment avaient été à la hauteur, l’expérience en aurait été transcendée. Mais en l’état, cela correspond aux standards de la série des Dragon Quest Monsters. Le cœur de l’expérience a toujours été la capture, la synthèse et la personnification de ses monstres. Et c’est exactement ce que nous offre ce Prince des Ombres. C’est comme si le jeu n’était rien d’autre qu'une coquille qui renferme en son sein le joyau brut de la synthèse. Il dispose d’un bestiaire extrêmement fourni, rassemblant énormément de monstres emblématiques venant de tous les horizons de la série. La synthèse est vraiment addictive et a même été simplifiée pour rendre ça toujours plus jouissif. Quant à la personnification des monstres, elle y est poussée à l’extrême.

Sur ce, je vous laisse vous forger votre propre avis. De mon côté, je dois m’occuper d’un effet secondaire inattendu provoqué par ce Prince des Ombres : celui de découvrir Dragon Quest IV L’Épopée des Élus.

Dates de sortie Nintendo Switch
Japon 01 décembre 2023
États-Unis 01 décembre 2023
France 01 décembre 2023

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